L'Etripouilleuse

J'ai toujours cete huile de squig. On s'en sert généralement pour faire gonfler les gobelins afin de voir mieux le champ de bataille, pratique pour tirer les plongeurs vers l'ennemi et non vers notre camp. Sinon y'a toujours cet étrange flacon métallique avec ce symbole vert clair luisant, mais elle ne me dit rien qui vaille. Enfin ça ne m'a pas empêcher de la goûter : et oui c'est de l'huile.

Vert clair luisant ? Hum, oui, oui, peut-être.
Mais vous comprenez, monsieur, que je ne puis prendre de risques avec cette machine. C'est un peu, voyez-vus, comme mon propre enfant ! Un enfant qui déchire et qui torture, certes ; mais tous ces rouages ne sont-ils pas adorables ? Reconnaissez-le.

Mais ! Oh ! C'est que vous êtes vert, vous aussi, maintenant. Cela suinte même du... du trou que vous avez dans le dos. Vous avez un trou dans le dos ? Oui, c'est vraiment très original, ça paraît surprenant au premier regard.

Ahem. Monsieur ? Monsieur ?

Zut, il a disparu. C'est fâcheux. Et me voilà de nouveau seul entre ces quatre murs suintant d'humidité, ce sol couvert de sang et ce plafond moussu. Diantre. Ce n'est pas que je sois effrayé. Après tout, pourquoi être effrayé quand on est seul dans une salle de orture avec une Etripouilleuse ? Rouillée, d'ailleurs, l'Etripouilleuse. Messieurs, n'y aura-t'il donc personne pour m'offrir un peu d'huile ?

Cela dit, je peux toujours utiliser cette luisante huile verte. Oui, oui, ce serait un moyen. Un moyen de mettre fin à mon interminable monologue.

L'Etripouilleuse est maudiiite ! maudiite...maudiiit...diite...iite....

Oh, très cher monsieur ! Quelle joie de vous revoir ! J'ai craint, l'espace d'un instant, que vous n'ayez été réduit à l'état de quelque vapeur. Mais non, puisque vous êtes là, et bien consistant !

Mais vous semblez souffrant, cher ami. Vous êtes tout pâle, sous votre teint vert. Je vous en prie, asseyez-vous un moment. Oui, oui, les chaînes sont nécessaires. Voilààà. Détendez-vous. Vous êtes détendu ? Très bien.

Voyons, voyons, quel était le bouton de mise en marche...?

Et bien ! Voilà fort longtemps qu'elle n'avait pas fonctionné, la chose. Tellement longtemps que je ne me rappelle pas l'avoir jamais vue en action.

Vous avez pensé à changer les piles ?

Des piles, monsieur ?
Nous pouvons nous vanter que notre Etripouilleuse est une machine parfaitement propre ! Elle fonctionne à la vapeur.

Ah ! Et où se trouve le machiniste dans ce cas ? Ce n'est quand même pas ce petit tas d'os poussiéreux, si ?

En même temps, si vous l'avez oublié là avec la machine, c'est compréhensible...

Quel petit tas d'os poussiéreux ? Vous voulez parler de...
Par Sigmar ! Un tas d'os de machiniste poussiéreux !

C'est extrêmement contraignant. Jusque là, l'accord était qu'il se nourrirait du sang tombé par terre. Bien sûr, depuis le temps, le pauvre Bossheim n'a pas dû manger à sa faim tous les jours.

Il n'a sans doute pas osé sortir, vous savez, nous l'avions élevé en secret au fin fond des cachots. Par rapport à son apparence, vous comprenez. Ca ne se voit peut-être plus, mais le pauvre était hideusement difforme. L'administration nous impose d'employer quelques spécimens de son genre, mais nous ne pouvions décemment le laisser traîner dehors à la vue de tous, il aurait gravement nui à la réputation et à l'image du marque du Tribunal.

Il a donc grandi ici-même, exactement là où vous vous tenez. Oui, on peut encore voir là où il a griffé le sol. Un petit être charmant. Ignoble mais charmant. Il grognait toujours très poliment.

Mais rien ne sert de s'apitoyer sur le passé, n'est-ce pas ? Ne voudriez-vous pas le remplacer, que nous puissions apporter à ce cher monsieur au teint exotique l'attention qu'il requière ?

J'hériterais des avantages de la fonction je suppose ? Boire du sang, tout ça ?

Bon, sous réserve qu'on m'autorise à sortir la nuit, je suis preneur.

Charbon charbon charbon...

Boire le sang... J'imagine que vous ne vous contenterez pas, comme feu Bossheim, de laper le sol ? Le spectacle était pourtant fort divertissant - non, ne me regardez pas avec ces yeux-là, ce n'était qu'une idée en l'air.

Charbon, dites-vous ? Nous en avons tout un stock - ou nous avions. Excellente qualité, oui, rien que du pur charbon d'hérétique certifié. Il doit traîner dans un coin sombre.

En effet, je ne "lape" pas. Encore que dans certains cas je suis prêt à faire exception...
Mais soit, nous avons un accords il me semble. Ah, je me permet de vous prévenir, il serait judicieux de brûler vos clients après leurs passages ici bas, voyez vous mes compagnons de tablée ont une tendance malheureuse à ne pas vouloir mourir, ou en tout cas pas de façon définitive

Tous nos accusés finissent sur un bûcher, c'est la devise du Tribunal. Euh... condamnés, voulais-je dire : tous nos condamnés finissent sur un bûcher. Ha. Haha. Ahem.

Mais pour des raisons éthiques, je vous prierai cependant de ne point mordre les clients. La torture, d'accord, mais les morsures, il ne faut pas exagérer non plus, nous ne sommes pas des monstres... enfin, je crois bien. Vous, par contre, avec vos yeux rouges, vous ne me dites pas grand chose. L'administration ménera une enquête à votre sujet.

Dites, on pourrait s'occuper de moi la ? C'est que j'attends. Je n'ai toujours pas compris l'intérêt de ces plumes par contre...

Les yeux rouges ? Ah, c'est le chlore, surement. Inutile d'en faire grand cas, j'en suis sur. Et puis, j'ai les oreilles pointues, cela excuse bien des choses. Enfin, je crois. Mais bon, de toute façon j'ai toujours voulu essayer le service en cristal que je me suis fait livrer de Karaz-a-Karak.

Les plumes dites vous ? Laissez moi vous expliquer. Une fois la machine en marche, je tire sur ce levier ici présent, et quelque part dans ses murs, une trappe s'ouvre sur un repaire d'oiseaux-citrons carnivores. Attirés par les effluves, les mignons volatiles s'en viendront quérir leur béquetée avec une énergie folle, d'où les plumes par terre.

Alors...ça chauffe, bien, bien, la pression est O.K., c'est partit !

Votre Hor..Honneur, l'honneur d'abaisser le levier vous reviens. Ici, là.

Attendez, vous n'avez toujours pas huilé cette pauvre machine. J'exige d'être torturé, éviscéré, dépecé, éventré sans "CouIIIIIC" infernales. On est pas des bêtes quand même.

Mais si, voyons, bien sûr qu'elle est huilée. Avec l'huile que vous nous avez vous-même présentée.

Bon, puisque vous le demandez avec tant d'insistance, je vais donc mettre la machine en marche.
*Son Honneur abaisse avec dignité le levier orné d'une petite tête de mort*
Ah, oui, la tête de mort. C'est un peu "kitch", certes, mais j'avais trouvé le détail amusant.

*Son Honneur regarde en souriant la machine se mettre en route*
Ah, devant ce spectacle je me retrouve comme un enfant devant une troupe ambulante de comédiens... C'est beau, n'est-ce pas ? Et tellement divertissant ! Je ne m'en lasse jamais.

Nous pourrions rajouter une petite musique d'ambiance non ? Ou au moins des cris de suppliciés en contre-fond, pour mettre les accusés dans le bain ?

Ah, les lames se rapprochent. Pop-corn, votre Honneur ?

Vous êtes trop aimable, cher ami chloré ; et votre prévenance ne sera pas oubliée au moment de remplir les fiches de paye.

Je plaisante, voyons ; il ne me viendrait pas à l'eprit que vous osiez feindre l'amabilité dans le seul but d'obtenir un quelconque avantage matériel, n'est-ce pas ?

Nooon ! Jamais je n'oserais !

Mais je vous ai causé du tort par ma maladresse, je le vois bien. Veuillez accepter ces quelques bourses de pièces d'or en guise de compensation, j'insiste, en tout bien tout honneur, si, si.

*Hips.*

AAAH ! Malheur ! Tu ne vas pas le laisser toucher cette bourse sale ! Allons, ne fais pas l'enfant, donne moi ça.

Donne-moi ça, te dis-je !

*Hips*

Vous ne me retrouverez jamais !

Uhm vous n'avez tout de même pas utilisé l'huile verte ? D'un côté, ça expliquerait ces tentacules poussant sur le côté, là, près de l'engrenage. Oui c'est ça, à côté du gros monsieur moustachu au feutre noir. Oui... oui c'est vrai ça, un tentacule vient de le décapiter. Je veux sortir. Maintenant. Détachez moi. Zou.

Si vous voulez mon avis, le malheureux délire.

Sûrement le cerveau qui est touché.Et pour cause, la machine a été huilée au jus de squig. Oui, c'est pour ça que cela sent un peu... un peu la bête, oui. J'ai réservé l'huile verte pour quelques cas spéciaux - comprenez bien qu'il est plus difficile d'admettre qu'un innoc... qu'un dangereux hérétique est coupable quand il a des tentacules plein la tête.

Mais, oh ! Ca commence !
Admirez avec quelle précision les lames pénètrent sous la peau. Du travail d'artiste, vous dis-je ; des réglages millimétrés.
Ah, oui, les hurlements commencent aussi. Sans eux, où serait le charme ?

Ça pique. Vraiment. Aîe ! Hey c'était mon oreille ça ? Depuis quand vos machine sont adaptés aux oreilles de gobelins ?

Et maintenant, la tronçonneuse se met en marche. Vous entendez son vrombissement mélodieux ? Cette huile de squig fait vraiment des merveilles !

Comment, vous avez peur qu'on le découpe un peu vite en morceau ? N'ayez aucune crainte, la tronçonneuse se contentera de le "chatouiller".
Mais admirez plutôt cette lame. Oui, celle-là, là, avec les barbelures et les piques qui dépassent. C'est, monsieur, cette arme qui a donné son nom à la machine toute entière ! Par de petits mouvements répétés en travers de l'abdomen, voyez-vous, cet ustensile délicat va peu à peu arracher les viscères de la victime, petit bout par petit bout, suffisamment lentement pour nous permettre dobtenir des aveux.