Rebirth...

Certains vous diront qu’ils étaient là. D’autres vous diront que ce n’est qu’un tissu d’âneries. D’autres encore soutiendront que c’était une nuit d’été, invectivant ceux qui affirmeront que c’est arrivé sous le soleil d’hiver. Peut-être même interrogerez-vous l’étrange silhouette squelettique et encapuchonnée, assise au fond de la taverne, et peut-être même qu’elle vous adressera un sourire énigmatique, dévoilant son rictus macabre. Mais il se pourrait bien qu’un jour, vous rencontriez quelqu’un qui vous dirait la vérité à propos de ce qu’il s’est vraiment passé ce soir-là. Et voilà ce qu’il vous dirait.
 
Le soir tombait dans la plaine, les derniers rayons du soleil balayaient le sol enneigé. Il faisait froid, et l’atmosphère était plutôt sinistre, presque morbide. Depuis quelques jours, le pays avait sombré dans un chaos de folie, des batailles avaient éclaté entre les différentes sectes fanatiques tout juste émergées, et déjà recrutant des fidèles par dizaines. Sur le lieu où avait eu la plus meurtrière d’entre elles, un homme enroulé dans une grande cape était arrivé, peu avant que le soleil ne commence à disparaître derrière l’horizon. Il tenait par la bride un grand cheval noir, fougueux et vigoureux. Ce qui avait le plus étonné les rares personnes que la silhouette avait croisée, était que cet animal, un étalon de bataille, avait été, tel un vulgaire cheval de bât, chargé d’un lourd paquetage au contenu mystérieux.

L’homme à la cape s’était arrêté au milieu de la plaine, sur un tertre étrange. La trace d'un corps qu'on avait traîné jusque là n'avait pas totalement été éffacée. Il avait retiré du dos de l’étalon son chargement, provoquant un hennissement de satisfaction de la part de l’animal, qui, relâché par l’encapuchonné, avait commencé à galoper dans la neige autour du tertre, dérouillant ses pattes engourdies par le froid, frappant le sol de ses puissantes pattes dans un bruit de tonnerre, henissant avec fureur. Pendant ce temps, l’inconnu avait retiré sa capuche, livrant aux yeux des rares et lointains spectateurs un spectacle horrible. Son visage était squelettique, ses orbites vides illuminées d’une lueur étrange, une peau parcheminée tendue entre ses pommettes et sa mâchoire inférieure. Son front était orné d’un diadème doré, et son visage mort respirait la noblesse. Cet homme, mort et pourtant vivant, avait sûrement été un roi puissant.

Le Roi mort-vivant avait ouvert son paquetage, en extrayant une pelle ouvragée, un bâton orné de signes cabalistiques, et deux objets étranges, aux formes imprécises. Il en avait également sorti trois encensoirs dorés et une fiole vide, avant de reposer le sac dans la neige. Puis il avait allumé chacun des trois encensoirs, qu’il avait placés autour du tertre enneigé. La fumée s’élevant de l’encens en combustion formait en l’air des symboles étranges, tandis que le Roi semblait psalmodier de sa voix d’outre-tombe. Puis le mort-vivant était remonté au sommet du tertre, et avait commencé à creuser de sa pelle dorée.

Au bout d’une demi-douzaine de minutes, l’étrange personnage avait cessé de creuser, l’air satisfait. La fosse qu’il avait façonnée était parfaitement rectangulaire, et s’enfonçait dans le sol du tertre jusqu’à rencontrer une surface plane et dure, à plusieurs mètres de profondeur. Le Roi s’était alors dressé sur le bord de la fosse, la tête tournée vers le ciel, et avait retiré sa cape sombre, révélant une splendide armure d’apparat dorée protégeant ses restes momifiés, et une longue lame courbe accrochée dans son dos.
« Moi, Setep Antarkhan, Roi de Lybaras, Favori de Khalida, Patriarche Abricot, Fidèle du Grand Coco Tout-Puissant, et partisan de la Semi-Croustillance, j’engage ce rituel ! Que le grand Coco et le Puissant Abricot m’en soient Témoins !! » Le cri du Roi des Tombes avait résonné dans la plaine, alertant les survivants de la précédente bataille, qui commencèrent à affluer autour du tertre. L’étalon noir cessa de galoper et se dirigea docilement vers le Roi, comme si ces paroles avaient apaisé le bouillonnement furieux de son sang. Un éclat de rage subsista toutefois dans l'oeil vif du grand animal. Il était impatient.

Les fumées des encensoirs commencèrent alors à s’épaissir, à se répandre. Les incantations du Roi étaient audibles à un kilomètres à la ronde, tandis qu’il entamait son étrange rituel, et qu’une lumière perçant les nuages frappait le fond de la fosse, alors que le soleil disparaissait totalement derrière l’horizon. Quelque chose sortit alors du trou creusé par le Patriarche. Un sarcophage rudimentaire, d’un bois presque noir, s’éleva en l’air, jusqu’à flotter au niveau du torse du Roi. Ce dernier dégaina son épée rituelle et prit le premier des deux objets étranges qu’il avait extraits de son sac.
« A toi, Coco, je sacrifie ce Saucisson, signe de ceux qui refusent ta lumière. »
Setep posa la charcuterie Chrace sur le cercueil sombre, et le découpa en fines tranches de sa lame ornementée. Il disposa les tranches sur la surface du cercueil, qui fut pris d'un violent soubresaut. La chose à l'intérieur s'agitait. Satisfait, le Patriarche empoigna le second objet, non moins étrange.
« A toi, Coco, je sacrifie ce Champignon, signe de ceux qui t’ont trahi. »
La lame dorée fendit l’air, tranchant en deux le champignon Gobelin. Un liquide sombre coula sur le sarcophage tandis que le végétal corrompu disparaissait dans une explosion de lumière. Le Roi siffla, faisant se rapprocher le cheval couleur de nuit, puis il continua son incantation.
« A toi, Coco, je sacrifie cet Etalon, signe de ceux qui peuvent encore revenir vers ta vérité. »
L’épée fit un dernier passage, tranchant la gorge de l’étalon noir, fougueux et vigoureux. Le sang de l’animal éclaboussa le cercueil, fumant comme du plomb fondu, provoquant la montée d’une étrange fumée verte, se mêlant à celle qui provenait des trois encensoirs dorés.
« Enfin, Ô Coco, je confie ces objets à celui qu'en ton nom on a jeté au fond de ce trou, pour qu'il puisse revenir à la vie et répandre à nouveau ta parole. »
Le squelettique ritualiste sortit des recoins de sa cape posée au sol un magnifique pistolet de facture naine, et un splendide chapeau à boucle, qu’il posa tous les deux sur le sarcophage. Il y déposa également le flacon vide qu’il tenait en main depuis le début du rituel. Le cercueil s’éleva un peu plus, jusqu’à flotter à deux mètres du sol. Dans le ciel, les nuages se rassemblaient, tournaient au-dessus du tertre enneigé, présageant d’un orage imminent. Une lumière surnaturelle tombait toujours sur le cercueil depuis le centre du nuage.
C’est alors que Setep Antarkhan, que certains nomment le Patriarche Abricot, sortit un dernier objet du sac. Une magnifique Gibson SG, noire comme la nuit et comme le cadavre de l’étalon qui gisait non loin. Il tira quelques notes torturées et distordues de l’instruments, pendant qu’un énorme cloche descendait du ciel, ponctuant la mélodie macabre de gongs résonnants. Une voix éraillée cria « HELLS BELLS !! », et soudain un éclair tomba sur le cercueil, le faisant disparaître dans une explosion de lumière. A la place flottait un corps, la tête tournée vers le ciel, un chapeau à boucle sur la tête et un pistolet dans la main. Dans l’autre main, un petit flacon. Plein.
L’énorme cloche changea alors d’apparence, se transformant en une immense sphère brune, recouverte d'une opulente fourrure de poils drus, possédant deux bras et deux jambes. Une petite boule orange, à la peau douce, tournait autour de la grande sphère divine, comme la Lune autour de la Terre. La voix pleine de sagesse du Grand Coco résonna alors à travers la plaine.
« Celui-ci est mon ami et mon prophète. Il est l'unique détenteur du Flacon Unique et de la Vérité du Coconut. Autant de fois vous le Killerez, autant de fois il reviendra à la vie. Car l'Huile de Poils de Noix de Coco coule désormais dans ses veines. »
« D’ailleurs, continua la voix aiguë et railleuse de l’Abricot divin, mon serviteur, le Patriarche Abricot, veille au grain ! Vous ne nous aurez pas deux fois ! »

Puis, dans un grand chœur de voix célestes, les deux Dieux s’évanouirent dans les nuages en montant vers le ciel, tandis que l’ex-cadavre contenu dans le cercueil redescendait lentement, que ses pieds touchaient terre, et qu’il balayait les alentours du regard. Un regard enflammé, vide, tourmenté, indifférent, effrayé, orageux. Tout cela à la fois.

Backe le Fantasque, Ami du Grand Coco, était, grâce au Roi Setep Antarkhan, revenu d’entre les morts. Le Flacon Unique d’Huile de Poils de Noix de Coco dans une main, un pistolet ouvragé dans l’autre, un splendide chapeau à boucle sur la tête, l’Inquisiteur du Coco hocha les sourcils et se gratta le menton, pour finalement se tourner vers la momie. Il recula vivement le torse, tourna légèrement le visage de côté, dévisageant le Patriarche. La surprenante minute écoulée, celui qui était revenu d'où personne ne revient, sauf exception, tendit un peu brusquement la main à l'exception qui attendait, en face de lui, de plus en plus intriguée.

«- Enchanté. Backe.
- Euh... Enchanté aussi. Setep.
- Ah ? Bon... Bière ?
- Euh, ouais. Ouais, d'accord.
- Alors, bière ! »

Et là...
Ca fait des Chocapic.


J'ai ensorcelé le saucisson.
Je savais tout.
Depuis le début.

Il n'avait pas été facile d'imprégner de magie cette viande séchée pleine de sel, mais je l'ai fait.

Et il me suffit de dire "Meurs" pour que tout..
*BRRAOUMMMMMMM !!!!!!!!!*
... explose.
Zut.
Pour l'effet dramatique que j'escomptais, c'est fichu.
Tant pis.
Backe est de nouveau mort, et mieux enterré que jamais.
Tout est réglé, donc.

Prévisible. Le Saucisson a été foudroyé.

Et puis, c'est écrit : "Vous ne nous aurez pas deux fois".

attendez que je trouve les dignes fils du Pater Précheur... deux feuilles de Platane niveau alpha... niark niark, Que se lève le Platane !

Ah, ben oui, maintenant, on va faire se relever l'Arduilanar, hein ?

Ben c'est vrai, ça, pourquoi pas ?
Poussez pas, yen aura pour tout le monde !!

"Prévisible. Le Saucisson a été foudroyé. "
Ca ne suffit pas à le désamorcer.

"Et puis, c'est écrit : "Vous ne nous aurez pas deux fois". "
S'il fallait croire tout ce qui est écrit.

Il faut toujours croire tout ce qui est écrit, bien sur.

Et ce qui écrit avant prime sur ce qui est écrit après. Toujours.

Admets que ton enchantement n'était pas si fiable que tu le pensais et que quelque chose à coincé quelque part. Pas de chance. Comme quoi, à quoi ça tient.
Et de toutes façons, le Patriarche savait que tu savais, puisque je savais que tu savais, et qu'il sait ce que je sais. Et dans sa pyramide, il a eu tout le loisir de prendre ses précautions.

Le contraire aurait pu être défendable si tu n'avais pas tartiné partout tes "Je sais tout".

En plus, le Fantasque est maintenant ressuscitable à volonté. Dès que la session de Killer dans laquelle il est mort est finie, bien sûr...
Le saucisson était peut-être piégé, il n'en était pas moins un saucisson. Le rituel a donc pu être achevé. Mais comme les ingrédients du rituel ont disparu quand le Fantasque est réapparu, le saucisson n'a pas explosé. Puisqu'il n'était plus.
Bon, je vous laisse, je vais faire des expériences de boutures de Platanes...

C'est à visée curative ?

Alors que ce miracle s'accomplissait sous les yeux de quelques bouseux de le campagne, une toute autre opération s'effectuait dans les profondeurs des catacombes de Yrzu'lahnah. OU Zuy'il tanah, les mémoires n'ont pas retenu un nom aussi pourri.

Un petit être encapuchoné, vert, se trémoussait dans les bas-fonds de cette catacombes. A côté de lui, un elfe, mort heuresement, et divers objets plus étrange les uns que els autres. A ses côtés se tenait le Prophète Txelq. Et, comme tout prophète, il engagea la conversation :
"Pourquoi ici ? Ca pue et c'est moche."
Des paroles restées célèbres, comme toutes les dernières paroles d'hommes célèbres. Le Prophète s'écroula au sol, d'un râle sourd, le coup de dague l'ayant vidé de son sang enrichi au Coco. Certes, la mort de Txelq 1er fut bien moins glorieuse que sa vie. Mais le gobelin était ravi. Devant la table, 2 feuilles de platanes, pour l'instant sans rien d'anormal. Mais bientôt, ces feuilles seront la clé de Sa victoire.

Ainsi donc il advint qu'en cette nuit d'hiver, le Platane allait frapper du coup le plus puissant. Et le Gobelin aurait certaineemnt le rôle clé de Sa victoire. Ainsi s'éleva le Sang Du Prophète, ainsi le Chapeau à boucle et l'abricot sec furent arrachés, déchirés, sacrifiés. Ainsi, Il arriva. Le portail s'ouvra, et Delyth, le porteur de Mort du Grand Platane en émergea. Lançant un bref regard à l'elfe, une lumière platanique émerga de ses mains. Et l'Elfe revint à la vie, en tant que Commandant Suprême des Légions du Platane. Puis ce Delyht disparu, comme emporté par le vent. Et les feuilles du Platane étaient enfin devenu Ses Enfants.

Le monde connaîtra le conflit le plus atroce. Le Platane envoit toutes ses légions, et les adorateurs du Coco ne pourront y résister. Arduilanar est à la tête de Ses armées, et le Pater Précheur avait une toute autre mission avec ses enfants. Delyth le Porteur de Mort avait été libéré. La fin des Temps approchait.

Quoi, comment ça, un chapeau à boucle ?

Si les adorateurs du Coco sont condamnés à l'impuissance, alors, il faudra que d'autres se chargent de ce Platane.
Backe ne sert que sa vengeance. Setep ne vit que de politique.

Il ne reste plus qu'eux. Les autres sont morts. Ils sont seuls. Et ensemble, ils vont se dresser devant l'implacable Platane.

Si c'est pas malheureux.

Ah, tiens, maintenant que mon sang est très gras et tout blanc, peut-être que transfuser Txelq le ramènerait à la vie ?