Les Flammes de la Guerre
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Les Flammes de la Guerre

C'est une époque sombre et sanglante, une époque de démons et de sorcellerie, une époque de batailles et de mort. C'est la Fin des Temps.
 
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 Tohrj. Tohrj... tout court.

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Arduilanar
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MessageSujet: Re: Tohrj. Tohrj... tout court.   Tohrj. Tohrj... tout court. - Page 2 Icon_minitime18/10/2011, 23:29

14. Hasards malheureux

Ulkar poussa un soupir à fendre l’âme.
« Quel voyage, mais quel voyage !, gémit-il. Le malheur s’est abattu sur nous dès l’instant où l’enfant a mis le pied à la Guilde. Nous avons sans aucun doute offensé le Roi des Vers !
- Arrête un peu d’radoter, grogna Heifnir. Tu nous déblatères le même couplet depuis des heures. T’as pas d’aut’s occupations, comme, j’sais pas, moi, marcher en silence ?
- Dis, monsieur, demanda Tohrj de sa petite voix en tirant sur la manche d’Ulkar, t’es sûr qu’on s’est pas trompés en descendant de la montagne ? Parce qu’on dirait bien on est de retour dans le marais qui sent pas bon.
- Oh, non, mon petit, répondit Ulkar avec affliction, le doute n’est hélas pas possible. Au vu du degré considérablement plus élevé de pestilence, je puis t’affirmer avec certitude que nous sommes au bon endroit. Et même, ajouta-t’il en humant l’air, que nous avançons dans la bonne direction, au vu du gradient croissant de puanteur.
- Qu’est-ce qu’ça veut dire ? demanda Tohrj l’air soucieux.
- Que plus ça pue et plus on se rapproche de not’but, ricana Aenius. C’est engageant, hein ? Pire que la cave aux zombies après la Grande Putréfaction de 4E37 !
- Et l’eau est aussi noire, hum, renifla Ulkar, que si on y avait lavé les chaussettes de la Guilde.
- L’paysage est aussi plat et dégarni que l’crâne de Vidkun, fit remarquer Heifnir.
- Et ça sent comme la bouche d’Aenius quand y se lève !, entonna Tohrj avec entrain.
- Ca, c’était pas gentil, gamin, répondit Aenius en hochant tristement la tête. P’têt pas si faux que ça, mais pas gentil en tout cas. En tout cas, reprit-il, c’marais est si dégueulasse que j’suis sûr qu’y a pas une bestiole qui voudrait y vivre. Z’avez vu ? Y a pas une seule sangsue pour l’instant. Bon signe, hein ?
- J’sais pas trop, grommela Heifnir. J’pense juste qu’elles ont leurs prop’ prédateurs – j’ai senti deux ou trois trucs me frôler la jambe, et j’aimerais mieux pas savoir c’que c’est. Y a toute une chaîne alimentaire dans l’coin, et j’suis pas si sûr qu’on soit au bon bout.
- Roh, te fais pas donc tant d’souci, fit Aenius. On aura d’jà assez de problèmes pour traverser ces terres putrides, pas b’soin de se saper en plus le moral pour des bestiaux qu’ont sûrement plus peur de nous qu’aut’ chose. »
Ulkar s’arrêta net.
« Bah quoi ? Qu’est-ce qu’y a ?
- Oh, rien. J’espère juste que celui-là aussi aura peur de nous. »
Tous les regards se tournèrent dans la même direction – vers l’impressionnante silhouette serpentiforme qui avançait en ondulant sous la surface de l’eau sombre.
« Par les Vers, mais qu’est-ce que c’est qu’ça ?
- Oh, et bien, à en croire le Phantastyque Bestyaire Alchymique d’Alrik le Dément à l’Attensyon des Hommes de l’Art, il pourrait s’agir d’un, hum, d’un Naga.
- Oh, euh, bien. Et y t’apprend quoi, ton bouquin ?
- Que leurs crocs recèlent un poison à la base de bien des préparations, que leurs os réduits en poudre sont un puissant fortifiant et que, euh, je crans bien que le reste ne m’ait échappé, hélas…
- Ca t’apprend pas plutôt comment t’en débarrasser ? »
La silhouette se redressa, majestueuse et terrible. Un serpent, noir, aux écailles luisantes, doté de bras et de jambes et haut de sept pieds… La créature toisa de son regard malveillant le groupe de nécromants tétanisés et commença à se rapprocher d’eux en sifflant.
« V’là qu’y nous a vus… Par Mannimarco, Ulkar, nous dis pas qu’t’as pas une idée pour qu’on s’en sorte vivants ?
- Et bien, euh, hum, fit Ulkar en réfléchissant, je pourrais invoquer l’esprit d’un défunt pour nous défendre…
- Oui ? Le visage d’Aenius s’éclaira. Bah alors, qu’est-ce que t’attends, mon grand ?
- Et bien, hum, si tu as sur toi un bol de sang d’ours, trois fleurs de belladone, sept crocs de chauve-souris, cinq bougies noires et un endroit où dessiner un pentagramme à la craie…
- Bon, on a compris. Pour une fois qu’ta gnose aurait pu nous servir… Et maintenant qu’est-ce qu’on fait ? »
Le Naga continuait d’avancer avec la lenteur mesurée du prédateur sûr de lui, les fixant de son regard quasi hypnotique. Pas question de prendre la fuite, vue sa rapidité dans l’eau ; il aurait tôt fait de tous les retrouver et de les tuer un à un. Et comment le combattre ? Il fallait se rendre à l’évidence, c’était la fin…
« Dites, les gars, entama Heifnir. Je, euh, j’voulais dire…
- Ouais, reprit Aenius, j’crois que… j’crois… bah, qu’nos routes s’arrêtent ici, ou j’sais pas comment on dit dans ces circonstances…
- Dites, demanda Tohrj l’air inquiet, vous pensez qu’il va nous manger ?
- Oh, euh, tenta Ulkar, non, euh… Euh… Oh, et puis à quoi bon mentir ? C’est la fin, hum, mon garçon.
- La fin ?, sanglota l’enfant.
- Ouaip, petiot, la fin, lui répondit Aenius d’un ton légèrement moins bourru qu’à l’accoutumée. On va bientôt ressembler à tous ces gusses sur lesquels on a travaillés toutes ces années… en plus digérés, bien sûr. »
Le monstre était maintenant tout près. Ils pouvaient en sentir l’odeur, qui parvenait à s’imposer par-dessus celle du marais – l’odeur de la mort…
Le Naga redressa sa tête, prêt à tendre le cou pour fondre comme l’éclair… mais un carreau d’arbalète se ficha dans sa tempe. L’animal se tourna, furieux – et deux autres carreaux vinrent traverser l’armure d’écailles noires, s’enfonçant profondément dans la chair.
« Roi des Vers, mais qu’est-ce qu’y s’passe ? », souffla Heifnir.

La bête avait son attention à présent totalement détournée des quatre voyageurs et ondula en faisant claquer ses crochets vers la source des tirs. Trois hommes sortirent alors de la brume – non, pas des hommes, songea Ulkar. Les inconnus au teint sombre et aux habits exotiques rangèrent d’un geste vif leurs arbalètes et pointèrent leurs trois lances vers le monstre. Celui-ci, ivre de colère, se jeta en avant, mais les inconnus s’écartèrent et empalèrent les flancs exposés. Le Naga se débattit furieusement, mais c’était maintenant lui qui était pris au piège. Avec la même lenteur assurée qu’avait la bête un instant plus tôt, l’un des inconnus dégaina sa lame et lui trancha le cou, s’aspergeant de sang sombre ; la grosse tête noire tomba en soulevant une gerbe d’eau sale, et le reste du corps s’effondra convulsivement.
« Mais… mais qui c’est-y, ceux-là ? »

Les trois étrangers, délaissant la dépouille du monstre, s’avancèrent à leur tour vers les nécromanciens, leur permettant de mieux discerner leurs visages aux traits anguleux et leur peau d’un gris sombre. Tohrj se serra contre Ulkar.
« Rien de cassé ?, demanda avec un léger accent celui qui avait abattu le Naga.
- Nous, euh, balbutia Ulkar, merci infiniment, messieurs… Nous, euh, nous vous devons la vie.
- Et nous comptons bien nous en rappeler, fit l’étranger en souriant. Nordiques ? Brétons ?
- Nibenéen, grommela Aenius.
- Ah, bien, bien, fit l’étranger qui marchait autour du groupe en jaugeant chacun d’eux du regard. Voyageurs ? Vous ne ressemblez pas à des marchands – vous ne ressemblez à rien que je connaisse, d’ailleurs. Trois vieux et un enfant, en plein cœur du Marais Noir… Que faites-vous ici ?
- Et vous donc ? grogna Heifnir agacé par l’interrogatoire.
- Je suis Neloth Dren - de Morrowind, comme vous vous en doutez. Moi et mes hommes – il fit un large signe de la main – sommes ici pour affaire. Vous avez eu de la chance de tomber sur nous, vous seriez morts à l’heure qu’il est, et ce sans le moindre bénéfice pour quiconque.
- Bénéfice ?..., demanda Ulkar en haussant un sourcil.
- Pas bien important, remarquez, poursuivit Dren. Ni pour le Naga, dont vous auriez à vous trois à peine suffi à contenter l’appétit, ni pour nous, pour qui vous ne représentez qu’une bien piètre valeur marchande.
- Hé ho, là, fit Aenius qui avait peur de comprendre. Vous comptez… nous vendre ?
- Et bien, je me le demande encore. La saison est particulièrement mauvaise, sans quoi nous ne serions même pas intervenus. A croire qu’il n’y ait plus une seule de ces infectes créatures dans le coin. Pas étonnant, quand on en voit le nombre qui parcourt nos rues en toute liberté, ajouta-t’il en crachant sur le sol.
- Le… l’esclavage, hum, est illégal, tenta Ulkar. Même pour vous, à présent.
- Oh, et bien, il faut croire que nous faisons partie de la frange opérant en marge de la légalité. L’empire – ou ce qu’il en reste – peut bien décréter ce qu’il lui souhaite, on a toujours besoin de lézards dans nos mines ; et qui dit besoin, dit marché. J’avoue me demander quel est l’exacte demande pour les vieillards ou les enfants maigrelets, mais les années de pratique m’ont appris depuis longtemps qu’il n’y a pas de petit profit. Dans notre intérêt comme dans le vôtre, ne tentez pas d’opposer de résistance – quelle résistance auriez-vous à opposer, d’ailleurs ? »
Pendant que Dren discutait, d’autres trafiquants, munis de piques et de filets, s’étaient avancés et avaient pris place tout autour du groupe, coupant toute retraite.
« Espèce de… de salaud !, cracha Aenius rouge de colère. On est citoyens impériaux ! Z’avez pas l’droit ! Faites c’que vous voulez avec les argoniens ou avec les animaux, mais nous on est des êtres humains !
- Et à votre avis, répondit Dren en souriant, dans quelle catégorie pensez-vous que je range les êtres humains ?
- Raclure d’elfe !, tonna Heifnir. Attends un peu d’voir… »
Il se rua en avant, droit vers Dren – qui, d’un geste élégant, abattit la hampe de sa lance sur le crâne épais du nécromant. Deux elfes le ceinturèrent aussitôt, tandis que d’autres s’occupaient d’Aenius, d’Ulkar, et de Tohrj qui se débattait comme un beau diable.
« Où… où comptez-vous nous emmener ?, demanda Ulkar en contenant sa haine.
- A notre camp de chasse, répondit l’elfe noir, où vous goûterez la compagnie des bien rares lézards puants que nous avons réussi à capturer. Puis nous reprendrons le chemin de Morrowind, par des voies détournées que vous n’aurez pas à connaître. D’autres questions ? »
Ulkar se tut, et Aenius préféra ne pas intervenir non plus. A quoi bon ? Dren, aussi ignoble qu’il soit, avait raison : ils étaient à sa merci, et ils ne pouvaient rien faire pour tenter de s’en tirer. Au moins n’avaient-ils pas fini dans la gueule du Naga… Tout sombre que fût leur avenir, du moins étaient-ils encore en vie. Et quand, en moins d’une heure, on vient de perdre tout le reste, la vie sauve paraît soudainement fort appréciable.

« Mais, mais… Arrête donc de gesticuler, sale singe ! »
Ils étaient deux à essayer de contrôler Tohrj, qui continuait à se débattre comme il pouvait. L’un reçut un coup de griffe au visage, et l’autre se fit méchamment mordre la main.
« Ouaaïe ! »
Le trafiquant se plia en deux, serrant contre lui sa main meurtrie.
Héhé, songèrent les vieux compères. Ils l’avaient voulu, le gamin, et bah ils allaient aussi se le coltiner.
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MessageSujet: Re: Tohrj. Tohrj... tout court.   Tohrj. Tohrj... tout court. - Page 2 Icon_minitime19/10/2011, 18:12

Ouaiiiis !

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MessageSujet: Re: Tohrj. Tohrj... tout court.   Tohrj. Tohrj... tout court. - Page 2 Icon_minitime19/10/2011, 18:17

Dans mes bras, fiston ! L'émotion m'étreint.
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MessageSujet: Re: Tohrj. Tohrj... tout court.   Tohrj. Tohrj... tout court. - Page 2 Icon_minitime20/10/2011, 18:32

cheers
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MessageSujet: Re: Tohrj. Tohrj... tout court.   Tohrj. Tohrj... tout court. - Page 2 Icon_minitime26/10/2011, 11:50

15. Captivité

« Saleté d’elfe, gémit Heifnir – il avait été largement contusionné. Que je tienne un peu son sale cou gris entre mes mains…
- Nous avons tout de même bien de la chance, fit observer Ulkar.
- De la chance ? » Heifnir cracha. « J’sais pas qui c’est l’plus détestable des deux, la grosse vipère qu’a voulu nous bouffer ou cet enfoiré d’esclavagiste. On est vivants, ouais, mais il aurait p’têt mieux valu que la bestiole en finisse tout de suite avec nous.
- Il y a, hum, il y a ça, bien sûr, admit le vieux nécromant, mais ce n’est pas tout.
- Comment ça ?
- Bah, intervint Aenius, Dren sait pas qui on est vraiment, et ça fait déjà beaucoup.
- Oh, j’vois, bougonna Heifnir. Z’avez peur qu’il nous maltraite un peu plus s’y savait qu’on est nécromanciens ?
- Tu piges pas, jeunot, répondit Aenius en hochant tristement la tête.
- Vois-tu, chuchota Ulkar, la populace ne nous a jamais, hum, porté dans son cœur, et nous n’avons plus depuis longtemps l’excuse de la, hmm, tolérance officielle. Si nous avions été découverts dans n’importe quelle province, nous ne nous en serions pas tirés sans, hmmm, au moins un lynchage en règle ; sans doute même aurions-nous été tués, probablement après, euh, et bien, un interrogatoire avec couteaux portés au rouge et quelques tours de roue. Et puis, ah, nos carcasses exsangues auraient été jetées en pâture aux chiens sur, hmmm, la voie publique, vois-tu.
- Et ?
- Et bien,ah, les Dunmers porteraient, hum, bien moins de considération à notre égard. Ils ont, euh, ah, leur propre conception de la justice.
- Oh. Oh merde, alors.
- Ouaip. Comme tu dis, jeunot.»

***
Tohrj jeta un regard inquiet à la forme écailleuse recroquevillée dans la cage adjacente à la sienne, apparemment insensible aux heurts et cahots du trajet à dos de guar. Il se rapprocha des barreaux de bambou et chuchota dans sa direction :
« Dis ! T’es pas mort, si ? Dis, hein ? »
La créature sembla s’éveiller, et tourna vers l’enfant son faciès reptilien.
« Dis, monsieur, poursuivit Tohrj, t’es tout plein d’écailles comme la grosse bête qui voulait nous manger. Dis, monsieur, c’est comment ton nom ? »
Le lézard le fixa longuement de ses yeux dorés, puis fit poindre entre ses dents sa langue bifide.
« Allez, dis, quoi ! Moi, c’est Tohrj, mais ceux qui m’aiment bien, ils m’appellent, euh… En fait, je sais pas. Mais, ajouta-t’il sur le ton de la confidence, des fois on m’appelle mioche, ou gamin, ou dégage-de-là-avant-que-j’te-vire-à-coup-de-pied.
- Tu n’auras pas de réponsssse, petit. »
Tohrj se retourna. La voix, profonde et rocailleuse, venait de derrière lui – d’une cage portée par un autre guar. L’enfant dévisagea la tête triangulaire recouverte de pointes et ornée d’anneaux métalliques.
« Dis, mais t’as des écailles toi aussi !, s’exclama Tohrj. C’est quoi, dis, monsieur, c’est une mode du pays ?
- Et toi, petit ?, lui demanda la voix en retour. Pourquoi ton cuir est-il nu et lisse ?
- Bah, m’sieur, je sais pas. Moi, c’est Tohrj, monsieur. Dis, monsieur, pourquoi il m’a pas répondu, l’autre monsieur ?
- Parssse que ssss’est un lézard, voilà pourquoi.
- Bah oui, mais toi aussi, non ?
- Non. Moi, je sssuis un Argonien, un fils du Peuple de la Racine, et mon nom est Jeel-Ba. De quel coin perdu viens-tu pour ignorer la différenssse entre les êtres qui portent un nom et ceux qui n’en portent pas ?
- De… Skyrim, je crois que ça s’appelle. C’est plein de montagnes, affirma Tohrj en hochant vigoureusement le crâne.
- Très peu pour moi, mersssi, fit Jeel-Ba en faisant non de la tête. Je préfère encore la moiteur chaude de mes marécages à vos hauteurs glassssiales…
- Parce que tu vis ici, monsieur ?, fit Tohrj étonné. On m’a dit y avait que des bêtes sauvages ici, oui, même que c’est Ulkar qui l’a dit.
- On t’a mal rensssseigné, alors », siffla l’Argonien, courroucé.
Jeel-Ba, à la manière du lézard de l’autre cage, se roula en boule en tournant le dos à l’enfant. Tohrj s’en étonna : pourquoi qu’ils étaient tous aussi méchants dans ce pays ? Ce monsieur qui refusait de lui parler, l’autre qui lui tournait le dos, et même ce drôle de monsieur au teint gris qui avait voulu inspecter ses dents. Les clients ça regarde toujours les dents en premier, qu’il avait dit. Et bah, il avait dû être content, le monsieur, parce que Tohrj il lui avait montré qu’il avait de bonnes dents : il l’avait mordu et avait refusé de lâcher. Même qu’ils avaient dû se mettre à quatre pour l’enlever de là – alors que quand il avait mordu le cuisinier, ils étaient que deux. Et que trois quand il avait mordu le vilain monsieur avec le fouet. Tohrj il avait peut-être des dents en moins, mais au moins celles qui restaient étaient bonnes, ça oui, beaucoup y pouvaient le dire – et cette pensée le fit sourire, de ce sourire si laid mais tant redouté.

***
Une nouvelle nuit était tombée sur le Marais noir, changeant les ombres familières en ténèbres terrifiantes. Même le mugissement placide des guars, dans l’obscurité, pouvait passer pour la respiration rauque de quelque prédateur nocturne à l’affut de sa proie. La chaleur et la lumière étaient les seuls éléments de réconfort, la seule présence rassurante dans cette noirceur hostile, et les gardes, transis de froid autant que de peur, se serraient autour du feu de camp.
« Brrr, commença l’un en frissonnant. Je m’habituerai jamais au climat. On crève de chaud le jour, et on gèle la nuit. Et toute cette humidité !
- Tu t’y feras, Daral, intervint un garde plus âgé, tu t’y feras comme tout le monde s’y est toujours fait. C’est toujours dur, au début, les premières années. Saleté de pays de sauvages !
- Et la saison n’est même pas bonne, commenta tristement un troisième. On a échappés de justesse aux patrouilles, et tout ça pour quoi ? A peine une dizaine d’esclaves. Même qu’on a dû se rabattre sur tout ce qu’on trouvait pour minimiser les pertes, comme les animaux exotiques, ou ces vieux bonshommes que Dren a trouvés.
- Par Azura, s’exclama Daral, quelle plaie, ceux-là ! Ils se plaignent et poussent des gémissements toute la journée.
- Pas étonnant, lui répondit un autre avec dédain, voilà tout ce à quoi l’on peut s’attendre de ces barbares nordiques ! A la place de Dren, je les aurai abattus sur place – et c’est encore trop bon pour ces chiens de Nordiques.
- Moi, ç’ui qui m’fait flipper, c’est le gosse. » Le Dunmer qui avait pris la parole trembla. « Jamais vu ça, en trente ans de trafic. Un monstre, j’vous dis ; vous auriez vu la main de Lleris après qu’il l’ait mordu…
- Et moi, j’étais là quand il s’en est pris à Saryn. Le pauvre voulait juste lui examiner la mâchoire,clac ! Il s’est retrouvé pris au piège. A quatre, qu’on s’y est mis pour l’en sortir ! J’vous l’dis, ce gosse, c’est un sadique. Je l’ai vu qui me regardait, en faisant son drôle de sourire, comme s’il avait décidé que ça s’rait moi le suivant… »
Le garde frémit à son tour et se serra un peu plus contre les autres.
« - Moi non plus j’en peux plus, renchérit un autre. J’préfère encore m’occuper des bêtes sauvages que de m’approcher de sa cage ! J’ai peur qu’il m’attrape avec ses p’tits bras maigres et qu’il me prenne au piège… Et là, j’suis sûr qu’y nous regarde, qu’y choisit sa proie !
- Tu délires, Hlenil. Le gosse est dans sa cage, la cage sur le guar, et le guar dans l’enclos, de l’autre côté du camp. Il ne peut pas nous regarder.
- Il en a pas fini avec nous, continua Hlenil, c’est moi qui vous l’dis ! Reste à savoir qui va être le prochain. Parce qu’il va bien falloir s’approcher de la cage pour lui donner à manger, un jour ou un autre. Et là…»
Les trafiquants déglutirent et se regardèrent en silence.
« On peut… tirer à la courte paille », suggéra timidement Daral, mais aucune réponse ne suivit.
Un nouvel instant de silence suivit.
« Ou bien… ou bien…
- On peut aussi ne plus s’approcher d’sa cage. J’veux dire, l’est déjà tout maigre et moche, personne s’en rendra compte s’il saute un ou deux repas ? »
Les visages s’éclairèrent subitement.
« - Ouais, mais non, fit Hlenil la mine sombre. Dren va nous écorcher vifs si on prend pas soin de la marchandise. »
Nouveau silence gêné.
« - Moi, je veux bien le faire, finit par s’élever une voix.
- Mais t’es cinglé, Orval ! T’as vu c’qu’il a fait à Lleris, et à Saryn, et…
- Justement, répondit Orval en souriant, ça mérite bien une petite prime de risque, non ? Soit Dren accepte de m’augmenter, soit vous vous cotisez. Je ne veux pas le savoir – tout ce qui compte, c’est que je puisse m’acheter cette petite maison près de Longsanglot. Cela convient à tout le monde ?
- Et pis quoi encore ? Comme si on allait te… te payer pour ça, grogna l’un.
- Avec la saison qu’on fait, tu crois que Dren va lâcher son fric comme ça ? Attends, je reformule : t’as déjà entendu dire que Dren avait lâché son fric pour quoi que ce soit ?
- Même pour nos salaires, il chipote toujours. Pas de petit profit, c’est la devise de la maison ! »
Neloth Dren était, disait-on dans le milieu, à peu près aussi disposé à se séparer d’une part de ses profits qu’un netch à se laisser dépouiller de son cuir. Le fait était loin d’être unique chez les esclavagistes, sur l’échelle de valeur desquels l’argent est situé assez haut – plus haut que la vie de leurs contemporains, par exemple. Mais ceux qui travaillaient pour Dren s’accordaient en général à reconnaître que s’il avait été un netch, il aurait plutôt vendu toute sa famille, et sa propre peau en prime si cela avait pu lui rapporter une poignée de septims supplémentaires.
Olvar Beran sourit imperceptiblement. L’opposition était de circonstance, mais elle manquait bien trop de conviction pour qu’il y crût. Il comprenait ses compagnons : ils devaient sauver les apparences, ne pas laisser croire qu’ils allaient abandonner aussi vite. Mais la partie était déjà gagnée, et il le savait. Ils se cotiseraient, puisqu’ils n’avaient pas le choix ; leur peur était la plus forte. A lui la prime, et à lui les vacances à la campagne. Et au prix de quoi ? Un gosse. Juste un gosse. Il en avait maté d’autres, il ne voyait pas pourquoi celui-ci serait différent.

***
Par tous les daedras ! Celui-ci… celui-ci était différent.
Et pourtant, tout s’était si bien passé au début. Orval, munis de gants de maille, avait passé la gamelle contenant la rebutante pitance à travers les barreaux de la cage. L’enfant, ou plutôt la vilaine petite chose maigre et blafarde qui tentait de se faire passer pour un enfant, avait humblement saisi l’écuelle de fer-blanc et avait commencé à manger, sans même lever le regard. Orval, fier de sa trouvaille toute simple, s’était alors approché pour mieux contempler le monstre qu’il avait dressé, et… Paf ! Il se demandait encore comment il avait bien pu s’y prendre, à travers les barreaux. Toujours était-il qu’il avait le visage ensanglanté et couvert de bandages, et, à en croire Lleris qui avait pansé ses blessures, qu’il lui manquait un bon centimètre de nez. Et à chaque fois qu’il repassait devant la cage, l’enfant était là, à lui sourire – de ce sourire cruel bien qu’édenté.
Trop, c’était trop, songea Orval avec amertume. On peut être un trafiquant cupide et sans scrupules et avoir tout de même ses limites, et lui venait de trouver les siennes. Du moins pourrait-il se vanter d’avoir été le premier être vivant de Nirn à obtenir que des esclavagistes se cotisent pour lui offrir une prime de risque ; mais surtout, d’être le premier à avoir refusé cette offre.
Par Clavicus, c’est qu’il y avait quand même des choses avec lesquelles on ne devait pas jouer. Même pour mille pièces d’or.
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16. Préparatifs

Les nécromanciens passent, aux yeux de leurs confrères magiciens, pour des êtres particulièrement sociables. Infâmes, certes ; répugnants, même, voire carrément à vomir, mais sociables. Plus sociables, par exemple, que les spécialistes de l’Illusion, souvent trop déconnectés du monde pour être capables de se pencher sur le vil matérialisme que représente le souci de la vie en collectivité. Plus sociables, également, que les mages de l’école de Destruction, qu’il est impossible d’enfermer dans un seul bâtiment plus de trois heures sans que s’ensuive une violente explosion. Oui, les fidèles de Mannimarco passaient pour des modèles de tolérance envers leurs semblables, dans la mesure où ils étaient capables de vivre à plusieurs dans la même grotte des mois de suite sans systématiquement s’entretuer. Mais toute tolérance a des limites – et trois nécromants enfermés depuis une semaine dans une unique cage de bambou étaient sur le point de les atteindre.

Heifnir se gratta la tête – envoyant au passage son coude droit dans la narine gauche d’Ulkar.
« Les gars, faut qu’on réussisse à s’barrer de là.
- Tu crois ? ricana Aenius. Sans blague, faudra qu’tu m’expliques comment tu fais, j’s’rais jamais arrivé à cette brillante déduction tout seul !
- Nan, j’veux dire, faut vraiment qu’on le fasse. Plus on s’attarde, plus on court de risques. Je voudrais pas savoir le sort réservé aux nécromanciens dans le coin. Et pis, c’est pas cont’vous, j’vous aime bien, mais j’supporte vraiment plus votre odeur. Sans rancune, hein.
- Et, humm, répondit Ulkar vexé, j’imagine que tu as un plan pour nous sortir de là et par là-même te soustraire aux senteurs incommodantes? »
Nouveau grattement de tête.
« - Bah, y suffirait de… j’sais pas, moi, d’ouvrir la serrure et de se tirer. Z’auriez pas un parchemin de Craquement de loquet mineur, par exemple ?
- Gamin, fit Aenius comme s’il parlait à un enfant simple d’esprit – comme s’il parlait à Tohrj, en fait – tu t’doutes quand même ben qu’si on en avait un, on s’rait déjà plus là à l’heure qu’il est.
- Oh. Et, par hasard, vous le connaîtriez pas, le sort ?
- Nous sommes, hum, des nécromants, renifla Ulkar hautainement. Pas des illusionnistes à la petite semaine.
- C’est pas plutôt de l’Altération, les sorts d’ouverture de serrure ? demanda Aenius.
- Peuh !, lui répliqua son compère.
- Donc, résuma Heifnir, on est des mages, mais on peut pas ouvrir de serrures quand on en a besoin ?
- Bah…. Si, mais alors faut être doué de ses mains avec les crochets.
- Vous en avez pas non plus, j’imagine ?
- Ah, euh, c’est de cela que vous parlez ? »
Ulkar dégotta avec précaution un crochet de sa botte gauche, en évitant de le fourrer dans l’œil d’un de ses comparses, puis le présenta timidement.
« Il y a, euh… un bout pointu, là. Et c’est métallique, enfin, je crois. C’est ça que vous appelez un crochet ?
- Ulkar !, s’écria Heifnir le visage illuminé.
- Chut !, le réprimanda aussitôt Aenius. Hurle donc ta joie en silence, bourrique !
- Pardon. Ulkar !, répéta-t’il trois niveaux plus bas. Pourquoi ne pas l’avoir dit plus tôt ? Tu nous sauves la vie !
- Parce que, hum, l’un de vous sait se servir de cette chose ? »
Réponses simultanées :
« - Heifnir doit savoir.
- Aenius doit savoir. »
Regards surpris.
« - Mais, reprit Heifnir le premier, c’est toi qui y as pensé !
- Ah non, ah non. J’ai dit : faut être doué. J’ai pas dit que je l’étais.
- Mais, mais… et on en a qu’un, en plus ! Comment on peut faire ?
- Croyez bien que je suis désolé, fit Ulkar vexé à nouveau. Je trouve un crochet, hum, on pourrait me remercier, mais non, on me fait encore des remontrances…
- Pas la peine de bouder, vieille branche, tenta de le calmer Aenius. Faut juste qu’on trouve le type capable de nous ouvrir cette serrure sans casser le crochet.
- Hum, le railla-t’il, tu veux dire un de nous trois ? Ou bien le compagnon invisible qui partage notre cage sans que nous nous en apercevions et qui, hum, nous dissimule son art du crochetage ? A moins que tu ne veuilles qu’on demande à un garde.
- Ou à Tohrj ! »
Les trois vieilles têtes patibulaires se tournèrent d’un seul geste vers la petite voix flûtée et joyeuse. Et non, ce n’était pas un cauchemar – le malencontreux hasard de la réorganisation du convoi avait voulu que leur propre cage et celle de leur jeune confrère se retrouvent adjacentes.
« - C’est pas vrai…
- Maudits peaux-grises, ils nous auront vraiment pourri notre captivité jusqu’au bout…
- Vous n’êtes pas contents de revoir Tohrj ? Tohrj est très content de vous revoir, lui, et son nouvel ami aussi ! »

Le lézard cligna des yeux stupidement. Ulkar haussa un sourcil.
« -Tu parles, hmmm, de ce lézard ?
- Ah, euh, non ! Pas celui-là. Celui-là il est méchant, il veut pas parler à Tohrj, ou peut-être il a perdu sa langue. Non, l’ami de Tohrj, c’est celui là derrière, avec les jolies boucles d’oreille.
- Aaah, ce lézard là. »
Jeel-Ba siffla d’un air agacé :
« Alors, il est à vous, ssse petit ? Par le ssang des Hists, ss’il continue comme sssa, je ne lui donne pas longtemps avant que je tende mes mains à travers les barreaux pour l’étrangler moi-même ! Même les gardes ne peuvent plus ssse le voir…
- Oh, fit Aenius avec philosophie, c’est que vous l’supportez que depuis trois jours. Nous, ça fait presque un mois qu’y nous casse les pieds.
- Vous avez vu, hein, reprit Tohrj, vous avez vu mon ami ! Y parle de façon drôle et y porte des boucles d’oreille alors que c’est un monsieur, mais Tohrj l’aime bien. Et Tohrj est sûr qu’il peut vous aider. C’est l’ami de Tohrj, et il est vachement trop fort ! Hein, pas vrai, hein ?
- Bon sssang, fit Jeel-Ba excédé, mais qu’il ssse taise !
- Ca vous dirait bien d’vous en débarrasser, hein ? demanda Heifnir avec malice.
- Je sserais prêt à tout… Il réusssit à rendre l’esssclavage plus pénible encore qu’il ne l’est déjà !
- Bah, ça tombe bien, parce qu’on aurait b’soin de quelqu’un qu’aurait vos genres de talents…

***

« Vous voulez que je crochète votre sserrure ?
- Bah, on a qu’un crochet, alors y nous faut quelqu’un qu’est à son aise avec c’genre d’outils.
- Oh, je vois. Parsse que je sssuis un Argonien, n’est-ssse pas, et que les Argoniens sssont tous des voleurs, des coupe-jarrets, des gens de peu de confiansssse ? Les Argoniens ssont de ssales lézards, qui ne cherchent qu’à cambrioler les maisons et à égorger les enfants, sss’est bien sssela ?
- Je, euh, hum, euh, non, bien sûr que non, tenta Ulkar, nous, euh, nous n’entretenons certainement de tels, euh, préjugés raciaux, et, euh….
- Et bien, vous auriez peut-être raissson, à vrai dire. Je ssuis assez à mon aise avec les sserrures, en effet. Mais je ne vois pas pourquoi je vous aiderais.
- Bah, on te donne le crochet, tu sors de ta cage et tu viens nous délivrer. C’est un bon marché, non ?
- Et qui vous dit, ssangs-chauds, que je ne dissparaîtrai pas dans le marais ssitôt que je sserai libre ?
- Parce que, euh… Hey, c’est pas loyal d’vot’part !
- Que voulez-vous, déplora Jeel-Ba, on a l’âme d’un malfrat ou on ne l’a pas. Et je ne porte pas dans mon cœur sseux qui nous méprisent et nous traitent comme des moins-que-rien et des animaux.
- Ouais, mais c’est Dren et les gens comme lui qui vous traitent comme ça ! Et on est dans le même panier, vous et nous.
- N’inssistez pas. Par honnêteté, je ne vous donnerai pas de faux esspoirs : donnez-moi ce crochet si vous le voulez, mais je ne peux pas vous jurer que je perdrai mon temps à vous libérer alors que j’aurai déjà à sssauver ma propre peau. »
Les trois compères ruminèrent en silence. Le manque de coopération de l’Argonien était plus que frustrant.

« Et si…., tenta enfin Ulkar, et si on vous menaçait ?
- Et comment, ssang-chaud ?
- Votre cage jouxte celle de Tohrj. Nous pourrions, hmm, lui demander de se montrer encore plus insupportable…
- A quoi bon ? Sssa ne m’empêchera pas de filer le moment venu.
- Nous pouvons aussi, hmmm, vous lancer une malédiction qui vous frappera si vous nous faites faux bond. Qui fera se détacher vos écailles une à une, fera fondre vos muscles et rongera vos os, vous rendra fou de douleur, hmmm, mois après mois, jusqu’à ce que vous ne supportiez plus de vivre. »
L’Argonien ricana.
« J’apprésssierais beaucoup de voir l’étendue de votre magie à l’œuvre, vous qui ne pouvez même pas ouvrir une sserrure avec un de vos ssortilèges. »
Ulkar rougit violemment.
« Et puis, poursuivit le reptile, si vous étiez sssi terribles, vous n’auriez pas besoin de mes sservices. Vous n’auriez qu’à menassser les gardes dircetement.
- On est des nécromants, fit Aenius de sa voix la plus intimidante possible. Ouais, bon, on en a p’tet pas l’air dans ces habits, mais on en est, des vrais de vrais. Et les peaux-grises aiment pas beaucoup les gens comme nous. Voilà pourquoi qu’on tente rien avec les gardes. Mais avec toi, c’t’une autre histoire.
- Ooh, vous voulez dire que je n’ai plus qu’à vous dénonssser à ces braves ssbires pour que vous me fichiez enfin la paix ?
- Si tu fais ça, tu dis adieu au crochet, mon gars, répondit Heifnir. Et tu peux aussi dire adieu à ta douce vie dans ce marais puant. Réfléchis-y à deux fois.
- Ssse que je peux avoir peur, se moqua Jeel-Ba. Non, vraiment, vous me terrifiez. Est-ssse que vous n’entendez pas mes genoux qui claquent de terreur ?
- Regardez, hum, ce qui va arriver à ce lézard, et l’envie de rire vous passera, lança Ulkar sur un ton de défi. »
Le vieux nécromancien n’avait pas le droit à l’erreur. Il devait à tout prix réussir son incantation pour faire la preuve de ses pouvoirs à l’Argonien réticent – mais en était-il seulement capable ? Il y avait de quoi en douter, après le fiasco face aux bandits de la frontière. Mais leur vie en dépendait ; aussi ferma-t’il les yeux et adressa-t’il une prière silencieuse au Dieu des Vers.
Mannimarco, Mannimarco, je suis peut-être, hum, le plus indigne de tes serviteurs, mais je t’en prie, sauve ceux qui te sont fidèles, fais payer aux incrédules le prix de leur orgueil et révèle la réelle étendue de ton pouvoir. Accorde-moi de réussir, et, hum, je, euh, et bien, je ne sais exactement quel est ton désir, mais je ferai de mon mieux pour l’exaucer.
Bon sang d’bois, Dieu des Vers, c’est vraiment pas le moment de nous laisser tomber.

Qui sait ce qu’il advint alors ? Peut-être que Mannimarco prit effectivement en pitié son vieux serviteur et exauça sa prière. Peut-être aussi que la force de la conviction et l’énergie du désespoir accomplirent le miracle.
Quoi qu’il en soit, lorsqu’Ulkar rouvrit les yeux, ses orbites luisaient d’une lumière aveuglante – et, dans sa cage, le lézard vert tomba, foudroyé.

« Bah ça… bah ça alors ! » firent d’une seule voix les trois nécromanciens, l’enfant et Jeel-Ba, hébétés ; et Ulkar n’était certainement pas le moins surpris du lot.
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